
Publié le12 mai 2025
Grand montréal STM
La rémunération de la directrice générale bondit

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
La grande patronne de la Société de transport de Montréal (STM) a gagné 474 000 $ en 2024, en hausse de 6,5 % par rapport à 2023, a pu confirmer La Presse.
L’organisation plaide que l’ampleur de l’augmentation est liée au report du paiement d’une prime, mais des syndicats dénoncent la situation, en pleine crise du financement des transports en commun.
La situation financière de la STM est d’ailleurs si serrée qu’elle a diffusé à l’interne, la semaine dernière, un mémo intitulé « Réduction de nos coûts : Plus que jamais, chaque dollar compte ». Le document, que La Presse a obtenu, enjoint aux employés de « remettre en question chaque dépense » et d’analyser l’urgence des achats qu’ils font.
Marie-Claude Léonard, directrice générale de la STM, est elle-même en première ligne de la bataille pour le financement des transports en commun depuis deux ans.
Son travail lui a valu un revenu de 474 324 $ en 2024, a confirmé vendredi Justine Lord-Dufour, chargée des relations publiques à la STM. Ce revenu comprend « des montants forfaitaires liés à la performance des années de 2022 et 2023 suivant le rythme de ses évaluations au comité RH du conseil d’administration ». Mme Léonard est arrivée comme directrice générale par intérim en mars 2022, avant d’être confirmée dans son poste en juillet 2022.
En 2023, son revenu s’élevait à 446 358 $. Le salaire de base de Mme Léonard est resté inchangé à 391 305 $. C’est « à la suggestion de la directrice générale » que les augmentations salariales sont versées en chèque forfaitaire, a indiqué la STM.
Syndicats mécontents
Pour plusieurs syndicats de l’organisation, qui négocient actuellement leur prochaine convention collective, cette hausse est trop élevée, peu importe les explications du transporteur.
« Nous sommes abasourdis », a réagi par courriel Benoit Tessier, vice-président du Syndicat des professionnelles et des professionnels de la STM.
« Dans ce contexte, on comprend mal que la direction de la STM se contente d’offrir des augmentations sous l’inflation à ses employés (11,5 % sur 5 ans), en plus de leur demander d’encaisser des reculs dans leurs conditions de travail, a-t-il continué. La STM regarde ses professionnels d’expérience quitter vers d’autres employeurs, qui leur offrent des conditions beaucoup plus à la hauteur de leur niveau d’expertise. »
Frédéric Therrien, président du syndicat qui représente notamment les chauffeurs d’autobus et les opérateurs de métro, avait fait connaître son mécontentement la semaine dernière, devant le conseil d’administration de la STM.
« Ne trouvez-vous pas que les employés de la STM – dont [le syndicat qu’il préside] – méritent ce style-là aussi d’augmentation ? », a-t-il demandé.
On travaille très fort, on est fidèles au poste, pendant la COVID, on était là. Et aujourd’hui, on nous fait une offre grandement inférieure à ce que Mme Léonard a reçu.
Frédéric Therrien, président du Syndicat des chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et employés des services connexes
Mme Léonard n’a pas commenté le sujet.
Salaires en révision
Les sociétés de transport collectif traversent des années extrêmement difficiles avec une baisse de fréquentation (et donc de revenus) causée par l’augmentation du télétravail. Québec a accepté de compenser ces déficits jusqu’en 2022, mais a adopté une position beaucoup plus ferme depuis.
En 2023 et en 2024, les sociétés ont donc dû entamer des coupes importantes afin de permettre au système d’équilibrer son budget, y compris en abolissant plusieurs dizaines d’emplois. Depuis, leurs dépenses se retrouvent sous les projecteurs.
« La stratégie de rémunération des hauts dirigeants, en place depuis 2009, fait actuellement l’objet d’une révision afin de refléter l’envergure actuelle de l’organisation », a indiqué la STM, la semaine dernière.
Cette démarche vise à assurer une rémunération à la fois compétitive, responsable et alignée avec notre mission, tout en respectant les meilleures pratiques en gouvernance publique.
La Société de transport de Montréal
La STM compte « près de 11 000 employés ». À la Ville de Montréal, qui compte environ 28 000 employés, la rémunération du directeur général tournait autour de 345 000 $ en 2022, dernière année disponible. Bien davantage que la mairesse de Montréal, qui touche environ 212 000 $ par année.
La plupart des grandes sociétés de transport québécoises n’ont pas encore rendu public leur rapport annuel 2024, un document dans lequel elles doivent dévoiler les détails de leurs cinq plus gros salaires.
Exo, opérateur de trains de banlieue et d’autocars dans les couronnes de Montréal, l’a récemment publié. Sylvain Yelle, son directeur général, a vu sa rémunération augmenter de 1,8 % en 2024 pour s’établir à près de 308 000 $.