
Fin de la grève à la STM... mais y en aura-t-il une autre?

La grève des employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM) a pris fin mardi. Les usagers peuvent souffler un peu. Mais pour combien de temps ? Difficile à dire, mais comme trois syndicats ont obtenu un mandat de grève de leurs membres, il est possible que d’autres perturbations surviennent au cours des prochains mois.
Quel effet aura l’arrivée d’un médiateur dans les négociations avec les employés d’entretien ?
Le médiateur nommé par Québec, Gaston Boutin, a commencé son travail auprès du syndicat des employés d’entretien et de la partie patronale lundi. « Le médiateur a rencontré les deux parties, le syndicat le matin et l’employeur l’après-midi » a expliqué mardi Bruno Jeannotte, président du Syndicat du transport de Montréal, qui représente les 2400 employés d’entretien en grève depuis le 9 juin.
Une séance de négociations avec le médiateur est prévue mercredi ainsi que vendredi. Pour le mois de juillet, les parties prévoient au moins deux rencontres par semaine, a soutenu M. Jeannotte.
Il est donc trop tôt pour dire quels effets concrets aura l’implication du médiateur dans les discussions. « Mais le processus de médiation a fait ses preuves dans le passé », estime l’ancien directeur général (DG) de la STM, Luc Tremblay, en rappelant qu’en 2018, la médiation avait permis de conclure une entente pour le renouvellement de la convention collective des employés d’entretien.
Les usagers doivent-ils s’attendre à d’autres grèves à la STM ?
Bruno Jeannotte souhaite laisser la chance au médiateur d’aider les parties dans le processus de négociation. « Ce que je peux vous dire, c’est qu’on n’exclut pas des scénarios de grèves futures durant l’été. Mais ce n’est pas notre objectif », a-t-il dit mardi.
Deux autres syndicats de la STM ont obtenu des mandats de leurs membres pour déclencher des moyens de pression pouvant aller à la grève. Il s’agit du Syndicat des chauffeurs d’autobus et des opérateurs de métro (SCFP 1983) et du Syndicat représentant le personnel administratif (SCFP 2850).
Joint par Le Devoir, le président du Syndicat des chauffeurs d’autobus et des opérateurs de métro, Frédéric Therrien, rappelle que son syndicat n’a pas déclenché de grève depuis 38 ans. « Faire la grève, ce n’est pas le fun pour un employé. » Reste que cette possibilité est présente. Malgré les différends, le dialogue se poursuit suffisamment bien pour qu’un médiateur ne soit pas nécessaire pour l’instant, assure-t-il.
De son côté, le syndicat représentant le personnel administratif s’est contenté de dire que les discussions se poursuivaient comme prévu avec l’employeur.
Selon l’ancien directeur québécois du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Marc Ranger, les prochains moins pourraient toutefois donner des sueurs froides aux usagers. « Ce n’est pas un secteur qui a un historique de confrontation, mais ça pourrait se précipiter. Tous les syndicats pourraient, d’ici l’automne, exercer leur droit de grève à tour de rôle », avance-t-il.
Le projet de loi 89 a-t-il un effet sur les négociations ?
L’entrée en vigueur, en novembre, du projet de loi 89 qui vise à limiter les droits de grève pourrait teinter les négociations à venir, croit Marc Ranger. Selon lui, le projet de loi doit figurer au sommet des préoccupations des syndicats dans leur réflexion stratégique. « Je suis sûr que les syndicats se disent : c’est maintenant ou jamais. Si ça traîne jusqu’au 30 novembre, le gouvernement va intervenir. Il n’y a pas de doute dans mon esprit. » Et la STM pourrait même être tentée d’étirer les négociations pour profiter de la nouvelle loi, ajoute-t-il.
L’ancien DG de la STM, Luc Tremblay, rappelle pour sa part que le syndicat des employés d’entretien, qu’il décrit comme celui ayant une attitude plus « agressive » que les autres syndicats, avait utilisé en 2018 d’autres stratégies pour se faire entendre, dont la grève du zèle et le refus de temps supplémentaire, qui avaient eu des effets importants sur le service des autobus, rappelle-t-il.
La guerre de l’opinion publique se poursuit
La grève a mécontenté beaucoup d’usagers, mais d’autres perturbations pourraient nuire à la réputation des syndicats de la STM dans l’opinion publique, prévient Marc Ranger. Selon lui, les conditions de travail avantageuses des employés de la STM ne sont pas de nature à attirer la sympathie des citoyens. « Il n’y a pas de précarité d’emploi à la STM », affirme-t-il.
La question des salaires aussi fait tiquer le public. « On entend partout que les membres du SCFP 1983 font jusqu’à 120 000 $, mais on est loin de là. Le salaire de base d’un chauffeur d’autobus en ce moment, c’est 35,64 $/h », rétorque Frédéric Therrien, président du Syndicat des chauffeurs et des opérateurs de métro.