L’ex-procureure en chef de la commission Charbonneau a dirigé les négociations avec les syndicats du secteur public, au cours de son mandat à la tête du Trésor.

Son ou sa successeure devra maintenant mener à terme l’affrontement avec les médecins pour permettre à Québec de lier 25% de leur rémunération à des cibles de performances.

Jonatan Julien, lui, passe des Infrastructures aux Transports, un siège laissé vacant par le départ de Geneviève Guilbault pour le ministère des Affaires municipales.

Il héritera des retombées du fiasco SAAQclic et devra donner suite aux recommandations de la commission Gallant, dont le rapport est attendu cet hiver.

Un policier à la Sécurité publique

À la Sécurité publique, François Legault a choisi... un policier, en nommant Ian Lafrenière.

Élu pour la CAQ en 2018 après une longue carrière au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Ian Lafrenière avait accédé au Conseil des ministres en 2020, devenant responsable des Affaires autochtones. Il se verra ajouter la nouvelle fonction.

En prononçant son discours en marge du remaniement ce mercredi, François Legault établira la loi et l’ordre comme un des champs d’action prioritaires de son gouvernement, selon les informations obtenues par notre Bureau parlementaire.

Le PM confiera ainsi un mandat spécifique au titulaire de la Sécurité publique afin qu’il renforce les efforts de lutte contre les gangs de rue, l’exploitation sexuelle des mineurs, la violence faite aux femmes, le trafic de drogue et la cybercriminalité, notamment.

Après le mandat difficile de sa prédécesseure, Lafrenière a réussi à établir de bonnes relations avec les communautés autochtones et il jouit d’une certaine notoriété auprès du public, en raison de son passé de porte-parole du SPVM.

Il prendra le relais de François Bonnardel, sacrifié par son patron à la suite d’un témoignage difficile devant la commission d’enquête publique sur le fiasco SAAQclic.

Changements pour Guilbault et Drainville

Geneviève Guilbault, elle, connaît un bien meilleur sort malgré les mêmes circonstances.

L’ex-ministre des Transports passe aux Affaires municipales.

Délivrée de la responsabilité des épineux dossiers de la SAAQ et du troisième lien, elle devra néanmoins faire face aux maires avec qui elle a eu des relations tendues, notamment en raison du financement du transport en commun.

«Gérer le transport collectif et les sociétés de transport, ce n’est pas une mission de l’État», avait-elle déclaré en avril 2024, soulevant l’ire de Valérie Plante et Bruno Marchand.

Le maire de Québec s’était montré cinglant envers la députée de Louis-Hébert, l’accusant de ne pas avoir de «vision».

En soirée mardi, TVA Nouvelles a révélé que le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, se retrouverait à l’Environnement, alors que les rumeurs l’envoyaient plutôt aux Transports depuis un certain temps.

Il aura notamment à réviser les cibles de ventes de véhicules électriques imposées aux constructeurs, après le recul récent d’Ottawa.

Député de Lévis, il risque de se faire remettre rapidement sur le nez sa sortie en faveur du troisième lien, alors qu’il avait lancé: «Lâchez-moi avec les GES».

Celle qui était ministre des Aînés, Sonia Bélanger, prendrait le relais de France-Élaine Duranceau à l’Habitation.

Pascale Déry sera mutée pour sa part à l’Emploi.

Statu quo pour des piliers

Si les ministres Lafrenière, Guilbault et Drainville font partie de ceux qui changent de portefeuille, des piliers conserveront leurs fonctions actuelles.

Ainsi, Jean Boulet demeurera au Travail, a-t-on appris, Eric Girard aux Finances, Christine Fréchette à l’Économie et l’Énergie, puis Christian Dubé à la Santé. Le ministre Gilles Bélanger, nommé à la Cybersécurité et au Numérique après la démission d’Éric Caire, demeure également en poste, selon nos informations.

Si des sources avaient laissé entendre que François Legault diminuerait la taille de son cabinet pour faire écho à son discours qu’il veut axé sur «l’efficacité», il semble qu’il maintiendra sensiblement le même nombre de ministres.

Simard à la Capitale

Quatre ou cinq députés auraient finalement accès au Saint des Saints après avoir fait preuve de patience.

Parmi eux, le député de Montmorency, Jean-François Simard, profitera d’une promotion.

Ex-ministre délégué à l’Environnement sous le PQ, juste avant que Jean Charest ne prenne le pouvoir en 2003, Simard héritera de la responsabilité de la Capitale-Nationale.

Il succède ainsi à Jonatan Julien et Geneviève Guilbault, qui ont tour à tour occupé la fonction sans grand succès depuis l’accession de la CAQ au pouvoir.

Fervent défenseur du projet de troisième lien entre Québec et Lévis, il aura fort à faire pour convaincre les électeurs de sa réalisation, après les nombreux revirements de son gouvernement.

–Avec la collaboration d’Antoine Robitaille, Nicolas Lachance et Alain Laforest